Des photographes de mariage de Québec sont furieux

Il est très courant que des organismes et des compagnies se fabriquent des banques d’image sans devoir payer la moindre cenne en déguisant l’opération sous forme de concours.

« Soumettez vos plus belles photos de XX et méritez-vous la chance de gagner un bel appareil photo compact d’une valeur de 250$ »

En lisant attentivement les différentes clauses des règlements, on se rend finalement compte que l’organisation du concours se réserve le droit d’utiliser toutes les photos soumises de façon commerciale pour faire leurs publicités. 

Pas juste les gagnantes.

Toutes.

Certains poussent même l’outrecuidance en précisant que le photographe dédommagera la compagnie s’ils se font poursuivre pour une raison quelconque suite à la publication d’une photo qu’il a soumise. C’est fort, non?

Des photographes pris entre l’arbre et l’écorce

Une compagnie de la région de Québec vient de lancer un concours photo encore plus vicieux et les photographes de mariage sont furieux.

La compagnie se spécialise dans la location de décoration pour des événements, dont des mariages. Elle invite les nouveaux mariés à leur faire parvenir leurs photos de mariage – les décorations qu’ils ont fait pour eux, bien sûr – pour participer à un concours leur permettant de gagner 300$. Le problème? Le photographe doit céder ses droits à la compagnie qui organise le concours pour qu’ils puissent les utiliser à des fins publicitaires. 

Le photographe Michaël Fournier relate:

« Une entreprise de décorations de salle de réception me demande de céder mes droits d’auteur pour laisser la chance à mes mariés de participer à leur concours. Ils précisent qu’ils ont bel et bien l’intention d’utiliser les photos de manière commerciale par la suite. Vous comprendrez que si je refuse, je bloque le concours à mes mariés et qui pourrait même créer de la zizanie. Si j’accepte, j’ai l’impression de ne pas respecter mes valeurs concernant le travail des artistes. »

Lorsque Michaël leur a demandé des précisions, une représentante de la compagnie lui explique que: 

« En nous envoyant des photos de leurs décorations de mariage, les clients participent à notre concours Mariage Facebook. Mais leurs photos peuvent être utilisées sur des affiches promo, des montages vidéo, sur note site web ou autres. »

Le client peut donc gagner 300$. Et le photographe, lui? Qu’est-ce qu’il gagne? Rien. Il a le choix de signer et de voir une compagnie utiliser ses photos sans être rétribué ou de faire respecter ses droits d’auteur et d’ainsi créer une tension insoutenable entre lui et son client.

Quelle belle façon de ruiner tous les référencements possibles que ces clients pourraient lui faire. « Oui, tu as fait un bon travail et nous sommes satisfaits, mais signe le formulaire pour qu’ils puissent faire leur pub avec tes photos, sinon je vais recommander un autre photographe à tous mes amis et à toute ma famille. »

Soyons honnêtes: la seule raison de la création de ce concours est de se procurer des images qui seront utilisées à des fins publicitaires.

En d’autres mots: vous signez un chèque en blanc et la compagnie se procure, pour 300$, des photos qui lui aurait coûté plusieurs milliers de dollars à se procurer si elles avaient passé par le chemin traditionnel.

Au moins, les clients de Michaël l’on contacté pour savoir s’ils pouvaient envoyer les photos pour participer au concours et c’est là qu’il a eu la présence d’esprit de demander des précisions de la part de l’organisateur du concours.. Combien de nouveaux mariés ont signé le document, sans savoir qu’ils ne pouvaient céder les images à un tiers sans l’autorisation du photographe?

J’espère que cette compagnie à de bons avocats… Et j’espère que vous, en tant que photographe, avez une clause dans votre contrat qui indique que vos clients ne peuvent céder vos images à un de leur fournisseur.

C’est quand même merveilleux. Près de 200 ans après l’invention de la photographie, on invente le concours photo où le photographe perd tous et ne peut rien gagner. 

Comments (10)

  • C’est à nous d’éduquer nos clients sur ce genre de problème à la livraison des photos. La majorité ne savent pas que les droits nous appartiennent, donc ils ne sont même pas en mesure de céder ces droits comme ces concours le demandent.

    C’est aussi important de continuer à dénoncer ces concours et les fournisseurs qui volent sans impunité nos images. J’ai arrêté de compter le nombre de fois que je pogne des gens qui croppent ma signature pour s’approprier mes photos. Incluant des fournisseurs professionels qui savent très bien ce qu’ils font.

  • 99%+ des billets « gagnez ci ou gagnez cela » sont des attrapes pour attirer un futur client, que ce soit pour gagner un condo à temps partagé, un ipad, ou quoique ce soit. Des tirages ou le gagnant est « gagnant » sont rares. Bienvenue au salon de « la mariée »!
    Mais ici, on va vraiment un step plus (trop) loin. On engage le photographe alors qu’il ne sera probablement même pas au courant ! Pas certain que ça tiendrais longtemps en cour, mais voilà, encore des dépenses…

  • Avec 20,000 milliards de photos prise en 2016 sur la planète, nos images ne valent plus rien aux yeux des clients profiteurs. Le plat de bonbons est là, servez-vous! Heureusement la jurisprudence de causes récentes est de notre bord autant au Canada qu’en Europe mais c’est un paquet de trouble de se défendre. Les concours sont de merveilleux instruments pour flatter les photographes et la nature humaine étant ce quelle est. Qui parlait du 15 minutes de gloire que tous recherche?

  • J’ai toujours la chanson de Charlebois en tête, chaque fois que je vois un concours.
    » j’cours les concours, y parait que j’ai toute pour. J’ai toujours tout gagné, mais ça m’a jamais rien donné ».

  • Il y a eu un concours similaire l’an dernier pour le repos Saint-François d’Assise, connu aussi sous le nom de Cimetière de l’est de Montréal. C’est en lisant les règlements qu’on comprend que l’on cède nos droits à des fins commerciales à cette entreprise. Pour cette raison, je n’ai pas participé à ce concours malgré le fait que je demeure à coté.

  • Assez plate, c’est bien vrai! Il faut conscientiser les gens, car le travail de quiconque a une valeur! Et je m’excuse de terminer sur cette note mais c’est plus fort que moi.. Ça serait bien de faire réviser avant de publier car il y a beaucoup de fautes.. ?

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