Traditionnellement, les journaux ont une sorte d’entente tacite avec les photographes pigistes: On ne vous paie pas très cher par assignation mais, après première publication, vous êtes libre de chercher un débouché pour celles-ci et de monétiser les accès que nous vous avons donné.

Avec l’industrie des journaux en crise, certains ont commencé à garder les droits sur les photos produites par leurs pigistes. Cela nous prive d’un revenu potentiel important.

En mars 2011, j’ai couvert la partie photo d’un reportage du Globe and Mail sur la réserve stratégique québécoise de sirop d’érable.

Depuis, un des trois entrepôts fût victime d’un vol aussi spectaculaire qu’audacieux. L’arrestation des voleurs est devenu une histoire couverte par la presse mondiale et mes photos sont revenu à la vie.

Le New York Times m’ont d’abord contacté pour acheter une licence puis, son petit/grand frère The International Herald Tribune ont repris l’histoire. Via des agences de stock photos, j’ai été publié aussi loin qu’en Indonésie sur The Jakarta Post.

New-York-Times

Bilan de l’année 2011

En affaire, il est bon de régulièrement regarder en arrière pour mieux savoir où l’on va en avant. La fin d’une année financière est certainement un bon moment pour le faire. 2011 a donc été particulièrement intéressante pour Francis Vachon Photojournaliste avec la meilleur année au niveau des revenus et des profits, avec des augmentations respective de 31% et 52%

La diversification des revenus étant capitale, j’aime savoir d’où provient mon argent.

Malgré qu’il montre bien l’importance de plus en plus grande du stock photo et la diminution relative des journaux, le précédent graphique peut être trompeur. Les chiffres absolus montrent que les revenus provenant des journaux ont plutôt été stable ces 5 dernières années, avec une légère baisse en 2011.

Et si on regarde plus précisément 2011, on voit ceci

Si vous êtes un lecteur régulier, vous êtes au courant des efforts que je met sur les banques d’images, appelé dans le milieu « stock photo ». Voici les revenus brut à travers le temps

Ce graphique est particulièrement intéressant pour moi. Si 2012 apporte une augmentation semblable des revenues de stock photo, je pourrai penser à m’investir à plein temps sur des voyages photos, ce qui est mon rêve secret depuis que j’ai ajouté le stock photo à mes revenus.

Il y a un an, je me dirigeais vers Toronto pour assister à la conférence annuelle de la NPAC (News Photographers Association of Canada). J’avais décidé de rester 5 jours de plus pour faire de la photo. Il s’agissait alors de mon premier investissement pour un voyage dédié à la prospection de stock photo. À mon retour, j’avais écrit un billet indiquant mon calcul qui devait me permettre de commencer à faire du profit après un an. Est-ce que ce fût le cas?

J’écris ce billet en attente d’un transfert vers Winnipeg. Toujours pour la conférence de la NPAC, et toujours avec quelques jours supplémentaire prévue pour la photo. Donc oui, mon investissement torontois a été assez intéressant pour que je récidive.

J’espérais récupérer 100% de mon investissement en 12 mois. J’ai plutôt engrangé près de 4 fois ce montant, ce qui me donne un ROI supérieur à ce que je produis habituellement.

Mon voyage à Ottawa est quand à lui vieux de 7 mois. Le profit est un peu moins intéressant, mais ma courbe de progression est quand même supérieure à un retour sur investissement en un an.

Espérons que Winnipeg sera tout autant intéressante.

photo-credit

Ce matin, j’ai eu la conversation téléphonique suivante:

– Bonjour! Je travaille pour la station de télévision X. J’ai trouvé une photo de Y sur votre site web. Nous aimerions l’utiliser dans notre émission de télévision ce soir en échange d’un crédit photo.

– Malheureusement, un crédit photo ne sera pas suffisant. Il devra y avoir une compensation en argent.

– Impossible. Nous allons trouver quelqu’un d’autre alors.

– Pas de problème.

– Nous sommes quand même « correct »: nous avons demandé avant. D’autres le font sans demander.

– En effet. Mais lorsque cela arrive, je les poursuis et je gagne.

Deux choses intéressantes dans cette conversation.

D’abord, je ferai bientôt un billet sur la marche à suivre lorsque quelqu’un utilise une de vos photos sans votre autorisation. Mon avocate Catherine Morisette et moi en sommes actuellement à 4 « victoires » et aucune défaite à ce sujet. En fait, nous n’avons même pas eu encore à aller en cour, tout s’est réglé à l’amiable, mais à MES conditions pécuniaires.

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Si vous publiez des photos sur Internet, il est inévitable qu’un jour quelqu’un vous contactera pour utiliser gratuitement une de celles-ci.

Voici quelques arguments qui seront utilisés par ceux qui vous contacteront

– Nous allons vous donner un crédit photo (la mention du nom du photographe sous la photo) en échange.

Même s’il y a paiement monétaire, vous pouvez et devriez demander un crédit photo. Alors, pourquoi se contenter du seul crédit?

– Cela fera circuler votre nom et vous apportera d’autres contrats.

D’autres contrats où les gens ne paieront pas?

Croyez-moi, je n’ai jamais reçu d’appels d’un client m’ayant dit, « j’ai vu votre photo dans tel journal, j’ai aimé, et j’aimerais vous engager à mon tour. » Cela n’arrive pas. Jamais.

– Nous sommes un organisme sans but lucratif/de bienfaisance.

La première chose à faire en recevant une demande de ce genre est d’aller consulter le site web de l’organisme. Dans la section « qui sommes nous » ou « états financiers », vous serez probablement surpris d’apprendre que l’organisation emploie plusieurs salariés. Souvent des dizaines. Si EUX sont payés, pourquoi VOUS ne le seriez pas?

– Nous n’avons pas de budget pour les photos

Est-ce qu’ils paient un loyer pour héberger leurs employés? Est-ce qu’ils paient leur l’imprimeur qui s’occupe des dépliants sur lesquels apparaitront votre photo? Le graphiste qui en fera le montage, lui? Leurs lignes téléphoniques, c’est une gracieuseté de Bell Canada? Leur connexion Internet? Leur chauffage? Leurs ordinateurs? Leurs timbres? La personne qui vous parle présentement au téléphone est-elle payée?

Organisme de charité, PME ou grosse entreprise, s’ils paient pour tous ces services, pourquoi en seraient-ils autrement des photos?

Est-il valable, parfois, de laisser quelqu’un utiliser gratuitement une photo?

Il arrive que des étudiants me demandent la permission d’insérer une de mes images dans un travail scolaire. J’accepte généralement, mais comme ils se retrouvent alors avec une version haute résolution d’une de mes photos ayant une valeur monétaire importante, je leur demande de remplir une licence d’utilisation, surtout pour les points 4, 5 et 6 de celle-ci.

Il m’arrive aussi parfois de laisser un blogueur qui m’est sympathique d’utiliser une photo à titre gracieux. Cependant, mon « paiement » est un crédit photo contenant un hyperlien vers mon site Internet, qui se convertit alors en « backlink » très important pour mon SEO. J’ai cette entente avec Antoine Robitaille, par exemple.

Vous vivez de la photo, ou vous espérez en vivre un jour. Malheureusement, votre banquier n’acceptera pas un crédit photo pour payer votre hypothèque. À vous de déterminer le juste prix pour une licence d’utilisation de votre photo et d’être confiant de la valeur de celles-ci.

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Backlink? SEO? C’est du chinois pour vous? Je ferai peut-être un jour un billet là-dessus un jour.

Stock photo – Voir le potentiel

Cleveland Police badge

Photographier pour du stock photo, c’est l’art de voir le potentiel de vente d’une scène ou d’un élément banal, et de savoir ensuite ajouter les bons mots clés (keywords).

J’ai récemment passé 5 jours dans la Capitale Nationale pour garnir ma banque d’image de photos d’Ottawa. Par hasard, je suis tombé sur des policiers se préparant à parader en l’honneur de leurs pairs mort en devoir. Il y avait des corps de polices de partout au pays. J’ai passé un bon deux heures à photographier les badges, les voitures, les motos, etc. De grandes photos qui seront dans mon portfolio? Non. Mais de l’argent dans mon portefeuille? Bien sûr. Déjà deux de vendu.


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