Un texte magnifique, empli de poésie de ma magnifique collègue Marie-Michèle Sioui pour accompagner mes photos. Que fait une personne en situation d’itinérance lorsqu’on lui interdit d’être à l’extérieur de sa maison après 20h?
Au sommet des marches, Adam gratte sa guitare et discute avec Gwenola Leroux. Deux policiers, dans leur voiture depuis une vingtaine de minutes, braquent les phares sur lui. Ils sortent du véhicule à 20 h 02. Couvre-feu. Un groupe attrape de quoi manger dans le « Frigo Partage ». Les autres disparaissent. Pour la première fois en 15 ans, Nicolas observe le parvis de l’église vide.
Grand respect à PECH, que je ne connaissais pas, avec qui nous avons passé quelques heures.
En avançant sur la rue Saint-Joseph, un peu avant 20 h, l’intervenante de rue Gwenola Leroux explique que les travailleurs de rue ont tendance à marcher lentement. Il ne faut pas être pressé pour faire son travail. Ni paternaliste, ni frileux l’hiver, ni impatient d’obtenir des résultats. « On sème la graine, on met la table, mais on ne sert jamais le repas et on ne mange jamais le fruit », résume son collègue Nicolas Houde, chef d’équipe au Programme d’encadrement clinique et d’hébergement (PECH) et intervenant de rue à Québec de 2006 à 2018.
La symétrie. La symétrie partout. À la recherche d’un endroit où placer mon sujet, mon cerveau ne fait que voir ces murs et ces décors que je peux utiliser pour leur belle symétrie. Et surtout, ne pas oublier d’oser demander à la gente dame d’enlever son manteau en hiver si la température le permet.
2007. Encore en début de carrière, j’ai réalisé une série de portrait de Mag Gros-Louis, grand chef de la nation Huronne-Wendat. 13 ans plus tard, j’en suis encore fière. Une de celle-ci a été utilisé pour sa biographie. Une magnifique rencontre. J’ai tiré un très grand aggrandissement d’une de ces photos qu’il m’a plus tard signé. Au revoir Grand Chef!
En assignation, lors de la couverture d’un événement émotif, l’appareil photo sert de bouclier entre notre cerveau et ce que nous photographions. Mais une fois devant l’ordinateur, c’est plus difficile. Pour la première fois, je me suis fait pleurer en regardant mes propres photos.
Aucun journaliste et preneur d’images n’étaient à l’aise lorsqu’Amélie Lemieux, mère de Romy et Norah s’est présenté au lieu de recueillement improvisé au parc des Chutes-de-la-Chaudière.
« Pendant de longues minutes, Amélie Lemieux et ses proches se sont recueillis à l’intérieur, faisant jouer des airs associés aux deux fillettes. Malgré le bruit sourd des chutes à l’arrière, on entendait, même à distance, les sanglots torturés de la mère que ses proches entouraient d’une sorte de barrière protectrice. »
Ces sanglots et ces cris resteront dans ma tête longtemps. Je les entends encore en écrivant ceci.
Devant le mur silencieux des caméras et des micros, Mme Lemieux est ensuite venue remercier brièvement la police et « tous les citoyens pour leurs efforts et leur engagement ». Puis elle s’est adressée à ses filles.
C’est elle qui tenait à venir et à s’adresser aux médias, je tiens à préciser fortement ce point. Le moment de son arrivée avait été préciséà l’avance aux médias.
Avec un tel décor, difficile de rater sa photo. Pour le Devoir et le topo « En attendant les beaux jours« , j’ai photographié le restaurateur Benoît Poliquin, copropriétaire du restaurant Albacore à Québec