Course à pied, photographie, et tarif horaire

Une sortie de 6.4km, ma plus longue à ce moment, dans le décor de Lebel-Sur-Quévillon pour votre temps.

Note: ce billet semble de prime abord destiné à la course à pied. Il s’agit en fait d’un beau détour pour mieux exprimer le concept de tarif horaire en photographie. Lisez jusqu’au bout même si le jogging n’est pas votre truc.

Il y 3 ans, j’ai décidé de reprendre ma vie en main et le résultat est spectaculaire en ce qui a trait à ma qualité de vie. J’ai introduit la course à pied tranquillement mais, après des blessures et une opération, c’est finalement au début de cet été que j’ai pu m’y mettre vraiment sérieusement. Je mesure mes temps avec attention, je lis sur le sujet, j’ai des buts au niveau des rythmes et des distances.

Au début, je faisais un 5 km en marchant à quelques reprises pour un temps total variant entre 45 à 50 minutes.

Pour ceux qui sont moins familiers avec le monde de la course à pied, lorsqu’on veut exprimer notre vitesse, on parle généralement de minutes au kilomètre et non de km/h.  J’ai réussi mon premier cinq kilomètres sans interruption avec un temps de 40 minutes, ce qui donne un rythme de 8 minutes au km (5 km fois 8 minutes par kilomètre). 

Une sortie de 6.4km, ma plus longue à ce moment, dans le décor de Lebel-Sur-Quévillon pour votre temps. Tarif horaire? Pas une bonne idée!
Une sortie de 6.4km dans le décor de Lebel-Sur-Quévillon.

J’ai commencé tranquillement à accélérer et je viens de passer à 6’40, ce qui veut dire que j’ai couru pendant un peu plus de 33 minutes. Le but est d’arriver à 6’ au kilomètre pour ma première compétition organisée (5 km fois 6 minutes au kilomètre).  C’est un rythme plutôt lent pour les coureurs expérimentés: le but n’est pas de gagner la compétition, mais bien de gagner contre moi-même.

En fin de compte, que je fasse un temps de 6 ou de 8 minutes au kilomètre, je cours quand même 5 kilomètres puisque c’est la tâche que je me suis donnée. Le résultat, c’est 5 kilomètres de course sans interruption.

Quelqu’un qui regarde mon profil Strava, l’application que j’utilise pour faire le suivi de mes courses, constatera que tous les deux jours, je cours 5 kilomètres (avec à l’occasion un 10km ici et là). Il serait facile de dire « mais il devient paresseux, il courrait 40 minutes il y a un mois, et il court 30 minutes maintenant ». Mais non, évidemment. Mon entraînement et mon expérience font que je suis maintenant capable d’abattre la tâche 7 minutes plus rapidement qu’avant. 

Imaginons maintenant que je sois un athlète professionnel. Une entreprise multinationale vient me voir pour me commanditer. Ils me proposent 1000$ de l’heure pour chacune de mes courses en échange de leur logo sur mon t-shirt. « What? Mais plus je cours vite, meilleur je suis? Plus je cours vite, moins je vais recevoir d’argent? Ce ne serait pas une meilleure idée de me donner un montant PAR COURSE en fonction du résultat, c’est à dire de la belle visibilité que ma première place à la compétition va vous donner? »

Et voilà, la boucle est bouclée, nous pouvons revenir au monde de la photographie. Parlons argent. Parlons tarif horaire. Situation hypothétique: deux photographes ont la tâche de faire 5 portraits d’affaires et un portrait de groupe pour une entreperise.

Le premier est expérimenté et est capable d’abattre la tâche en une heure. Le deuxième est débutant et il prendra, disons, trois heures pour réaliser le travail. Est-il normal que les deux demandent 100$ de l’heure? Le débutant recevra 300$ et le photographe d’expérience facturant seulement 100$ parce qu’il sait comment réaliser vite et bien le travail demandé?

Même s’il décidait de charger le DOUBLE, le photographe d’expérience ne recevrait que 200$ pour son heure de travail, et ce juste parce qu’il a plus d’expérience que son collègue

Et qu’en est-il de la postproduction? Encore une fois, la photographe d’expérience pourra faire le travail beaucoup plus vite et, espérons-le, beaucoup mieux que son collègue débutant.

Le client paie pour un résultat, pas pour votre temps. Il sera même prêt à payer PLUS pour avoir ce résultat plus rapidement. 

Je vais le redire: un client ne vous paie pas pour votre temps. Vous n’êtes pas son employé. Il vous paie pour un résultat.

Évidemment, dans votre soumission, vous allez tenir compte du temps que vous estimez avoir besoin pour produire ce résultat. Mais sauf dans un cadre événementiel (mariage, congrès), le « tarif horaire » ne devrait pas être un élément apparaissant dans votre proposition.

Livre en Photo et en AffairesComment faire votre soumission alors? J’explique différentes stratégies dans mon livre En Photo et en Affaires mais, pour revenir à l’exemple des portraits corporatifs, voici la technique que j’utilise. 

J’ai un « tarif  de base ». Que ce soit pour un seul portait ou pour cinq cents portraits, c’est le montant que ça coûte pour me déplacer avec mon équipement studio chez le client (flash, fond de couleur, etc.) et m’installer / me désinstaller.

J’ai ensuite un tarif « par personne » qui varie selon le niveau de postproduction désiré par le client. Je sais par mon expérience combien de temps j’ai besoin avec chaque personne, je sais par mon expérience combien de temps je devrai passer devant mon ordinateur pour chaque portrait, et SURTOUT je sais par mon expérience la VALEUR que mon client reçoit avec le produit que je lui livre.

La VALEUR que le client reçoit. C’est ça qui est important. C’est pour ça qu’il paît. Ce n’est pas pour votre temps.

Commentaire

  • Excellent article!!
    En tant que photographe, je fais aussi mes tarifs en fonction de la valeur, c’est le meilleur moyen de fonctionner ?. Pour les portraits individuels et de type « Lifestyle », je demande un tarif par photo, en considérant toujours un minimum. Pour l’événementiel, j’ai un tarif horaire, incluant un nombre de fichiers inclus. Alors, mon temps de couverture est bien payé.
    J’ai aussi un tarif différent selon l’utilisation, alors pour les personnes avec un petit budget qui veulent simplement publier sur les réseaux sociaux, ça leur donne accès à mes services.
    Et encore mieux… quand je vois que l’entreprise est très petite, versus une plus grande, je fais un ajustement de tarif.
    Selon moi, c’est important de se mettre à la place de l’autre et j’aide les tout petits à devenir plus grands!

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