Un dernier adieu à Claude Béchard
Dans les commentaires de mon précédent billet, Les médias et les funérailles, le journaliste au FM93 Jean-François Labris explique :
Ensuite vient le moment pour le journaliste, photographe et cameraman de choisir les images et les témoignages à diffuser. Faire le tri dans ce que l’on peut montrer au public et l’intimité à laquelle la famille a droit. C’est ce qui est le plus difficile je crois, faire comprendre à ceux qui nous blâment que ce n’est pas parce que l’ont film tel ou tel évènement qu’il sera diffusé.
Comme Béchard était un homme politique, cela permettait aux médias de se détourner un peu de la famille pour aussi soumettre quelques photos de personnes « publics », plus habituées aux caméras.
Voici donc Jean Charest qui parle aux médias à son arrivé et qui est ensuite vu à travers la fenêtre de la porte ouverte du corbillard, alors qu’il touche une dernière fois au cercueil.
Il est malheureusement impossible de couvrir ce genre d’événement seulement avec des photos de politiciens venus assister à la cérémonie. Il y a une famille endeuillée, il y a un cercueil drapé de drapeaux québécois, car il s’agit de funérailles nationales. Il faut montrer une partie de ça.
Montrer le cercueil seul ne raconte pas suffisamment l’histoire. Montrer la famille seulement est peut-être une photo un peu incomplète. Oui, j’ai des photos de la veuve et des quatre enfants qui pleurent et se sert dans leur bras. Mais est-ce trop de voyeurisme? C’est une question éthique qui ne cesse de se poser alors qu’on édite les photos.
J’ai donc soumis deux autres images. Dans la première, on voit une partie de la famille, sans larmes apparentes, qui apparaissent au loin, à travers des porteurs alors que le cercueil arrive à l’église.
La seconde a été prise à la sortie. J’ai fortement recadré une photo pour ne laisser voir qu’une partie du cercueil et un des enfants pratiquement anonyme, grandement caché par sa main et le drapeau, étendant le bras pour toucher à son père. J’ai longtemps réfléchi avant d’envoyer cette dernière photo, mais je pense que l’émotion et le respect y sont.
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Gérald Gobeil
La décision facile de céder au voyeurisme habituel et l’autre de garder le respect du deuil de ces gens est évidemment plus difficile. Mais elle engendre aussi le respect de son auteur qui manifeste ainsi ne pas être indifférent aux être humains qui vivent un tel drame. Pour l’avoir vécu. Aussi.
Hugo
De très belles photos et puis, la mort est une réalité humaine qui serait selon moi un peu hypocrite de cacher…