Note: Parfois, l’histoire derrière l’image est plus intéressante que la photo elle-même. La chronique «L’anecdote derrière l’image» présente des photographies parfois moins intéressantes visuellement – parfois elles n’auront même pas été publiées sur mon blogue – mais pour laquelle il y a une bonne histoire à raconter.
J’étais à l’époque au Windsor Star en emplois d’été. Le cirque était en ville. Le genre de cirque populaire avant le Cirque du Soleil, avec des éléphants et lions. Des manifestants étaient devant l’aréna pour protester contre les conditions de vie des éléphants, qu’ils disaient inhumaines.
Une chétive dame se trouvait proche de la porte avec sa pancarte et un énorme, ÉNOOOORME, agent de sécurité lui demandait de libérer le chemin pour que les gens puissent entrer.
C’est là que je porte la caméra à mon oeil. L’agent, tellement énorme que son employeur n’a pas trouvé une chemise assez grande pour qu’il puisse la boutonner, tourne son visage vers moi et d’un ton très autoritaire, me lance «don’t take my picture!» (Ne prends pas ma photo).
«Je travaille pour le journal, et je suis sur la voie publique. J’ai le droit de prendre ces photos»
«I don’t care! (je m’en fou!)», me répond-il sèchement alors que ma caméra ne quitte plus mon visage et que je continue à appuyer sur le déclencheur.
L’agent passe rapidement de la dame à moi, et de moi à la dame. «Laissez les gens passer madame. Arrête de prendre ma photo. S.V.P. madame, veuillez quitter. ARRÊTE DE PRENDRE MA PHOTO!»
Clic-clic-clic!
Et soudain il éclate. Il tend son énorme bras vers moi, pointe son gargantuesque index vers mon visage. «Tu cesses tout de suite SINON….», me lance-t-il sans finir sa phrase.
Nous nous regardons en chiens de faïence. Moi protégé derrière ma caméra toujours à mon oeil, près à déclencher. Lui toujours le doigt menaçant. La joute d’intimidation dure quelques secondes, et ces quelques secondes me semblent des heures.
Je peux être assez intimidant: je fais 255 livres. Mais lui est trois fois large comme moi.
Je ne bouge pas, je reste silencieux. La caméra toujours au visage, mon doigt toujours sur le déclencheur. Et lui son doigt toujours bien haut, à quelques pouces de mon visage. Je sens qu’il peut éclater à tout moment.
Soudainement, il laisse retomber son bras le long de son corps, fait un 180 degrés, et pénètre à l’intérieur de l’édifice. Sans dire un mot.
Heureux d’être toujours en vie, je termine les photos de la manifestation, et pénètre à l’intérieur pour prendre des images de l’événement.
Plus tard, alors que je quittais via les corridors déserts de l’aréna, je croise le géant. Il s’approche de moi.
Est-ce que je vais me faire frapper?
«Hey! Désolé pour tantôt», commence-t-il. «Je fais beaucoup de temps supplémentaire ces temps-ci. Je suis extrêmement fatigué et j’ai manqué de jugement. Je sais que tu avais le droit de prendre ces photos, et j’ai fait un fou de moi (I made a fool of myself). Je suis vraiment désolé, excuse-moi.»
Nous nous sommes serré la main, et il m’a même donné son nom pour compléter mon bas de vignette.